maxime flatry


Maxime FLATRY est galeriste, passionné par la période Art Déco. Styliste prêt-à-porter et bijoux de formation, il ouvre en 2022 à Saint-Germain-des-Prés sa galerie dédiée aux Arts Décoratifs de la 1re moitié du XXe siècle.


comment te présentes-tu lorsque tu parles de toi et de ton métier ?

je suis antiquaire, et j’aime ce mot. souvent, on me dit de dire que je suis galeriste, c’est vrai que je présente dans une galerie, mais je fais un métier d’antiquaire.
d’autres pensent que c’est poussiéreux, moi je trouve que c’est assez magique comme mot, « antiquaire ».


quelques mots sur ton parcours ?

je viens du milieu de la mode, j’ai fait l’école de la chambre syndicale de la couture parisienne. j’ai finalement basculé vers la vente de mobilier art déco un peu tardivement. au départ, je cachais un peu ce passé dans la mode. je ne l’assumais pas, étrangement, de peur de ne pas être suffisamment légitime dans cette nouvelle activité dans laquelle les gens demandent souvent dans quelle galerie j’étais avant, par exemple. et plus j’y réfléchis, plus j’en parle, et plus je suis très fier de ces expériences passées. elles m’ont réellement donné un œil et un goût pour les couleurs, pour les textures et pour une scénographie. de la même manière que l’on réfléchit à un look pour un défilé, j’assemble les pièces que je présente pour créer quelque chose de cohérent. et finalement, ce sont des milieux qui sont très proches. d’ailleurs, le musée des arts décoratifs arrive très bien à faire les parallèles avec le mobilier, l’art, les bijoux ou la mode.


et tu as dessiné des bijoux, aussi ?

j’ai une formation en tant que styliste prêt-à-porter, et j’ai travaillé pour une maison australienne qui m’a donné l’opportunité de dessiner des bijoux. et parce que je suis passionné de design depuis toujours, ils savaient qu’en m’offrant cette opportunité, je m’approchais un peu plus, finalement, de la création d’un objet, de quelque chose de plus design, et donc j’ai saisi l’opportunité tout de suite. c’est ensuite que j’ai été styliste freelance en bijoux. c’était fou de pouvoir concevoir quelque chose que l’on pouvait poser sur une table, à l’instar d’un vase, par exemple ; quelque chose que je peux faire aujourd’hui concrètement à la galerie.
« le vrai déclic vers le métier de galeriste s’est fait aux côtés de Pierre Yovanovitch notamment. c’est véritablement lui qui m’a offert l’opportunité de choisir ce métier-là au moment où j’étais encore dans un entre deux. »
quand s’est faite la bascule vers le métier d’antiquaire ?

j’ai toujours acheté du mobilier pour moi, mais c’est seulement à partir du moment où j’ai été styliste freelance que j’ai pu vraiment prendre le temps de faire ça plus sérieusement. j’ai en effet pu acheter de manière plus intelligente, et réfléchir à pouvoir présenter des pièces à d’autres pour les revendre. à ma grande surprise, je me suis aperçu que ça fonctionnait bien avec des professionnels du secteur, qui sont d’ailleurs des confrères aujourd’hui. mes premiers clients ont été des marchands, mais j’avais aussi démarché des décorateurs et des architectes. je pense notamment à Pierre Yovanovitch, que je considère aujourd’hui comme un véritable mentor et comme un ami. le vrai déclic s’est d’ailleurs fait à ses côtés. il m’est en effet arrivé de l’accompagner chez certains de ses clients, j’étais encore alors styliste mode. et en arrivant chez l’un d’eux, Pierre m’a demandé comment je souhaitais être présenté : styliste bijoux ou expert en mobilier du XXe siècle. c’est véritablement lui qui m’a offert l’opportunité de choisir ce métier-là.

comment identifies-tu et sélectionnes-tu des artistes ou des œuvres ?

ce qui est certain, c’est l’émotion que va me procurer telle ou telle création. c’est la première chose. il y a aussi le fait qu’il faut que cela soit rattaché à un domaine de connaissances. si je défends principalement les années 20-30, c’est parce que c’est le domaine que j’admire le plus. c’est une rencontre fascinante entre deux périodes. quand je présente une pièce, c’est parce que je l’aime, et que je la comprends aussi. il s’est passé des choses incroyables au XXe siècle. la période art déco, c’est la racine de la modernité. j’aime utiliser souvent ce terme quand je défends quelque chose, parce que c’est à partir de là que, finalement, la vie moderne a commencé.

une pièce que tu es particulièrement fier d’avoir eu à la galerie ? ou une pièce que tu aimerais avoir ?

les pièces que je présenterai au mois de mars prochain à Tefaf Maastricht ! j’ai en effet eu la chance d’être retenu et sélectionné pour cette prestigieuse foire, et j’ai déjà travaillé très dur pour avoir une sélection à la hauteur (j’espère). je ne peux pas encore vous en dévoiler trop, mais cela sera très 1925…

qu’est-ce qui te nourrit au quotidien ?

c’est un métier qui est très bicéphale. trouver les éléments d’un côté, et les présenter de l’autre.
j’aime évidemment faire des mises en scène dans la galerie, c’est-à-dire mettre la bonne lumière et la bonne harmonie. pour que le meuble ressorte le mieux possible, il faut qu’il y ait de l’espace autour de lui, afin qu’il puisse respirer et parler de lui-même.
et de l’autre côté, j’aime profondément chiner, trouver un objet, et ensuite lui trouver une attribution pour le valoriser. le restaurer, et finalement le présenter à la galerie pour le défendre le mieux possible.
« il s’est passé des choses incroyables au XXe siècle. la période art déco, c’est la racine de la modernité. j’aime utiliser souvent ce terme quand je défends quelque chose, parce que c’est à partir de là que, finalement, la vie moderne a commencé. »
quel compliment aimes-tu entendre ou réentendre dans ton métier ?

dans la période art déco, j’aime les choses qui ne sont pas forcément les plus à la mode. j’aime beaucoup l’art déco très tôt des années 1915. c’est une période un peu oubliée qui est pourtant très intéressante. c’est le début, on retrouve encore des formes très rondes. il y a quelque chose de très volubile, parfois un peu gras, un peu maladroit. c’est très excitant pour moi de présenter ce mobilier-là, qui n’est pas à la mode et auquel les gens ne s’intéressent pas à première vue. et donc recevoir des compliments sur ce type de création que j’ai réussi à mettre en valeur, c’est très valorisant.

quel a été ton plus gros challenge ?

le plus gros challenge, ça a été de pouvoir m’offrir pour mes 30 ans le plus beau cadeau d’anniversaire : avoir ma propre galerie à Saint-Germain-des-Prés. de l’ouvrir en juin et qu’au mois d’octobre, on me dise que je suis pris à Tefaf Maastricht.

et si tu n’étais pas galeriste, quel métier ferais-tu ?

j’avais un métier avant, et je pense que j’étais d’ailleurs assez doué en design de vêtements et de bijoux. j’aurais pu continuer là, mais pour autant, aucun regret, je suis très bien là où je suis. peut-être que dans 10 ans, je vous répondrai autre chose !

as-tu des rituels dans ta vie, ton métier ?

le sport, c’est évident, ça fait partie de mes routines, un rituel quasi quotidien. quand je manque une séance, je suis beaucoup moins calibré. je m’entraîne 1 heure par jour, six jours par semaine. en réalité, c’est un moment qui est extrêmement égoïste et personnel. je suis un peu perdu et finalement plus fatigué les matins où je n’ai pas pu aller au sport. l’énergie n’est clairement pas la même.
« dans la période art déco, j’aime les choses qui ne sont pas forcément les plus à la mode. j’aime beaucoup l’art déco très tôt des années 1915. c’est une période un peu oubliée qui est pourtant très intéressante. c’est le début, on retrouve encore des formes très rondes. »
qu’est-ce qui a du poids dans ta vie ?

sans aucun doute, la fierté que m’expriment mes parents et mes proches, en voyant mon nom en fronton de la galerie, a beaucoup de poids pour moi. alors qu’au contraire, moi, je suis assez gêné par ça. si je pouvais faire ce métier-là sans me mettre en avant, très clairement je le ferais. mais c’est délicat dans ces métiers de ne pas incarner son activité.

les créations le gramme et la marque, qu’est-ce que cela t’inspire ?

j’étais styliste bijou auparavant, donc je pense avoir un œil assez professionnel sur les bijoux. j’aime beaucoup l’épure et l’intemporalité des créations le gramme. il y a un parallèle avec les pièces que je présente à la galerie. on retrouve cette même intemporalité dans ces créations art déco. des pièces qui ont quand même plus de 100 ans. je pense notamment à ce guéridon de Jean-Michel Frank qui est juste un trait de métal. il y a un lien évident, finalement, avec les bracelets que j’aime particulièrement chez le gramme.

quel est ton rapport aux bijoux ?

je porte habituellement très peu de bijoux, à part mes bracelets le gramme. je suis aussi très exigeant avec les bijoux.
un bijou s’offre à soi-même ou à quelqu’un. il faut qu’il y ait une histoire. c’est quelque chose que l’on ne change pas tous les jours, comme un vêtement. on le garde sur nous, sur la peau directement. lorsque mes parents se sont séparés, ma sœur et moi avons chacun pris leur alliance. j’ai longtemps porté celle de mon père autour du cou avec une chaîne en or qui lui appartenait aussi depuis ses 20 ans. malheureusement, une fois, j’ai cru l’avoir perdue lorsque l’on m’a arraché le collier. je ne m’en suis pas immédiatement rendu compte. j’ai eu la chance de retrouver la bague par terre, ce qui était le plus important, finalement. depuis, je la porte au doigt sans jamais l’enlever.

et si le gramme était une œuvre ou une pièce de mobilier ?

j’ai une coupe en argent massif en vitrine actuellement qui me fait penser à le gramme. c’est un travail qui est aujourd’hui anonyme, mais je fais des recherches pour retrouver une attribution, et c’est ça aussi le travail que j’aime. l’objet est esthétiquement incroyable par sa simplicité, c’est une coupe moderniste des années 30, avec son pied à moitié laqué.
« j’aime beaucoup l’épure et l’intemporalité des créations le gramme. il y a un parallèle avec les pièces que je présente à la galerie. on retrouve cette même intemporalité dans ces créations art déco. »
son accumulation
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