joseph dirand

qu’est-ce qui te nourrit dans ton métier, la source de ton inspiration ?
elle est différente à chaque fois car le projet lui-même en comporte l’essence. je choisis des projets inspirants qui constituent un véritable challenge. à chaque nouveau projet s’ouvre de nouvelles portes qui m’amènent dans des aventures que je n’aurais même pas pu imaginer au départ.

quelles sont les personnes ou projets qui constituent des références pour toi ?
les visionnaires du vingtième siècle, le corbusier bien sûr car c’est littéralement un révolutionnaire en terme d’architecture dont il a initié de nouveaux grands principes. oscar niemeyer bien sûr, il fut un véritable poète de l’architecture par la pureté de ses lignes et la sensualité de son approche. et puis carlo scarpa, pour son rapport avec le temps, avec l’architecture italienne et le sens du détail ou encore eero saarinen pour ses formes organiques. ce sont tous des génies visionnaires qui m’inspirent par leur engagement.

quel compliment te touche sur ton travail d’architecte ?
forcément quand on évolue dans un univers artistique, on a envie d’entendre que ce que l’on fait touche les gens. ce qui me touche particulièrement, c’est de les voir passer du bon temps dans des univers que j’ai conçus, de sentir les gens réceptifs.

la ville qui t’inspire ou te ressemble ?
paris évidemment, même si je voyage énormément, c’est toujours un plaisir de revenir à la maison.

qu’est-ce que l’art de vivre selon toi ?
prendre du plaisir en toute chose : dans la nourriture, le voyage, la musique. se nourrir de ce qui nous entoure et l’apprécier. aussi, se donner le temps de prendre du recul, d’où l’importance des voyages. c’est la meilleure façon de parvenir à donner et recevoir véritablement.
« prendre du plaisir en toute chose : dans la nourriture, le voyage, la musique. se nourrir de ce qui nous entoure et l’apprécier. »
tes matériaux de prédilection ?
les matériaux naturels travaillés par la main de l’homme. ce qui me fascine c’est d’arriver à transformer alors cette matière.

ton bâtiment référence ?
j’ai une vraie admiration pour la villa malaparte à capri, elle est le fruit d’un geste d’une simplicité extraordinaire. elle magnifie le paysage et constitue l’adéquation parfaite entre l’homme et la nature. elle ne cherche pas à s’effacer, au contraire son rouge contraste avec la mer et la falaise. c’est un bâtiment contextuel qui ne peut pas être transporté ailleurs.

ta forme fétiche ?
toutes les formes sont belles et mon travail évolue en permanence. disons qu’après avoir exploré l’angle droit, je suis en ce moment plutôt dans la courbe.

ton plus gros challenge réalisé ou à réaliser ?
ce qui a déjà été réalisé semble toujours moins relever du challenge, le challenge réside plutôt dans ce qui est à venir ou en cours. en ce moment, mon défi est de taille puisque je dessine un bateau de plus de 100 mètres autant dire un bâtiment flottant… un tel projet est passionnant car il faut apprendre, analyser tout ce qui a été fait dans l’architecture navale. dessiner un bateau est une opportunité unique. je suis en pleine recherche de forme absolue. c’est une aventure incroyable que d’imaginer une architecture dont le cadre changera en permanence.

ton rituel dans ton métier ?
je n’ai pas de rituel car j’évite à tout prix la répétition des gestes. je fais en sorte de me retrouver dans des situations toujours différentes, voire dans des vies différentes en fonction des pays, des projets. ma manière de travailler évolue en permanence, j’aime plus que tout la sensation de la première fois.

le type d’architecture qui t’énerve ?
je trouve dommage de créer des choses sans ambition, cela ne m’énerve pas mais m’attriste plutôt.
« je suis en pleine recherche de forme absolue. c’est une aventure incroyable que d’imaginer une architecture dont le cadre changera en permanence. »
si tu n’étais pas architecte, quel métier ferais-tu ?
explorateur sans doute ! pour avoir le temps de découvrir de nouveaux paysages ; je le fais d’ailleurs déjà au maximum.

un endroit de prédilection où te trouver habituellement ?
on peut me croiser chez loulou ou monsieur bleu pour voir vivre des projets que j’ai fait, sentir leur énergie et leur évolution. j’avoue ne pas être tellement social, j’ai besoin de solitude pour réfléchir. je privilégie le temps passé à la maison, que ce soit seul ou en famille.

ton objet fétiche ? combien pèse-t-il ?
je suis un peu collectionneur depuis que je suis enfant, j’aime chercher, trouver et habiter avec l’ensemble de ces choses. et pourtant je pourrais partir sans rien demain avec un baluchon car rien ne m’est indispensable. j’aime voyager léger.

ce qui a du poids dans ta vie ?
l’amour n’est jamais un poids.

ton/tes objets le gramme, quel est/sont-il ? comment les portes/utilises tu ?
un bracelet 7g (le plus léger possible), qui est d’ailleurs la seule chose que je porte avec ce bracelet porte bonheur du pérou qui refuse de se briser. c’est la seule forme de permanence que je supporte. avant je portais beaucoup de choses et je m’en suis finalement débarrassé. j’ai aussi le réglet pour faire mes petits croquis sur calque le soir !

si le gramme était un élément ou une œuvre architecturale, lequel/laquelle serait-il ?
plutôt du land art ! je pense en particulier à une oeuvre de michael heizer : des cercles de diamètres différents qu’il dessinait dans le désert. une forme absolue de simplicité.

photographe : ©amit israeli
styliste : ©elodie david-touboul
« d’une manière générale, plutôt que de donner aux gens ce qu’ils veulent et connaissent, je préfère essayer de leur donner ce qu’il ne savent pas encore qu’ils aiment. »
son accumulation
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